Cette intolérable soif de vivre

     Au fond de ma bibliothèque, tout au fond, je garde précieusement quelques livres. Quelques perles, mes joyaux, mes trésors. J'ai besoin d'eux, ça j'en suis sûre. Parmi eux il y en a un que j'ai trouvé dans ma librairie préférée (Vent d'Ouest, à Nantes), et pour ça il m'est plus précieux encore. Il s'appelle L'assoiffée, et l'auteur est l'incroyable Blaise Hofmann. Il raconte l'histoire d'une femme, infirmière, qui un jour en sortant du travail, enfourche son vélo et pédale, pédale sans s'arrêter. Elle part pour ne plus revenir. Elle veut voir la vie autrement qu'entre quatre murs, bien protégée dans son foyer et l'amour de son compagnon. Elle veut voir la vie au-delà de la vie. En voici deux extraits qui, j'espère, vous feront saliver:

" Il me manque quelque chose quelque part. La vie se fait sans moi. On ne peut prétexter toute sa vie la timidité. La modestie n'est pas une qualité. C'est une forme de lâcheté. Ne pas trop en montrer, ne pas trop en vouloir. Un peu de retenue et du tact s'il vous plaît. Discrétion assurée, je m'évapore, je flotte. Peur de m'imposer, je vivote. Toute mon énergie passe dans la survie de l'espèce. Cette espèce qui n'est pas mienne. Je n'écoute pas cet appel qui me vient du ventre. Il souligne mon manque de lune, mon manque d'orage, mon manque de catastrophes naturelles."

 "Moi j'avais envie de sauter au cou des inconnus pour t'entendre gueuler, te voir chialer et perdre enfin les pédales, mais tu n'as jamais perdu les pédales. Tu as voulu me préserver, me protéger, me soutenir. Tu as voulu être là, toujours là près de moi. J'ai détesté cela. J'aurai pu vivre la même histoire avec n'importe qui. Et n'importe qui aurait pu vivre cette histoire avec toi."

     J'aurais voulu vous mettre plus d'extraits, mais il faut savoir choisir. Sinon, autant vous raconter le livre en entier. Mais je préfère vous laisser le soin de, vous aussi, le faire vôtre, le chérir, et ne jamais l'oublier.

L'assoiffée

Blaise Hofmann

Editions ZOE