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La liseuse de bonne aventure
28 janvier 2013

"C'est dans les moments extrêmes que la façade tombe et que l'essence se révèle." Ron Rash

Caroline du Nord, Smoky Mountains, années 1930. Une immense exploitation forestière, employant la plupart des paysans alentours, hommes et femmes, bûcherons ou non. Des centaines d'hommes arrivent tous les jours aux portes de l'empire de George et Serena Pemberton. Ce couple ne recule devant rien pour étendre leur pouvoir sur la Nature et les hommes, pas même devant l'Etat qui projette d'ouvrir un parc national sur leurs terres. C'est la bataille classique du bien contre le mal, de l'ambition écrasante devant la justice et la compassion. La justice, Serena la fait elle-même.

Elle ne lésinera pas sur les moyens d'arriver à ses fins. Torture, couteau, poison, sans se salir elle-même les mains, Serena envoie son homme de main faire le boulot. Son mari, quoiqu'un poil dépassé par les évènements, fasciné par cette créature, lui donne le bon Dieu sans confession. Elle monte à cheval, son aigle bien agrippé à son bras. Elle travaille autant que les hommes et ne fait confiance à personne. Elle n'a aucune pitié et son ambition frôle la folie.

Abîmée par la perte de son enfant, Serena n'a de cesse de traquer la pauvre Rachel, une ancienne employée que George a engrossé. Serena est stérile, Rachel porte le fils de son mari. La jeune fille est obligée de fuir, comme elle peut, pour le sauver. Son courage n'a d'égal que sa simplicité. Cette force, son fils en héritera bien plus tard.

A mille lieues de ces complots, crimes et vengeances, il y a les ouvriers. Ils voient tout mais ne disent rien. Ils savent que leur vie vaut mieux que celle de tous ces actionnaires bien trop gras, que leur patron et sa femme, la "putain de Babylone" comme ils la surnomment.

Ce roman est excellent, Ron Rash n'a pas son pareil pour nous faire admirer les haïssables. Il nous laisse un goût de poussières rouges balayées par de grands vents, soulevées par le galop des chevaux, des copeaux de bois dans les cheveux et de la terre jusque sous les ongles.

 

""Et si tu nous refilais quelques pages de ta bible? proposa Ross. Elles iraient au poil pour rouler des clopes."

Stewart leva vers lui deux yeux incrédules.

"Mais ça serait sacrilège de faire une chose pareille.

-Je te demande pas les pages où qu'y a quelque chose d'important d'écrit, répondit Ross. Je te demande juste deux pages où on lit juste que des tas de machinchouettes, z'ont engendré des tas de trucmuches.

-Ouais, mais quand même, ça me paraît pas convenable, protesta Stewart.

-Ben pourtant, riposta Henryson, moi je dirais que c'est justement le geste d'un vrai chrétien, de venir en aide à deux malheureux camarades qu'ont envie de fumer une clope."

Stewart se tourna vers Snipes.

"Qu'est-ce t'en penses, toi?

-Ma foi, dit Snipes, je te cacherai pas que depuis des années, les plus grands esprits prétendent que tu trouveras toujours dans ton livre de bonnes raisons de faire et de pas faire à peu près tout et n'importe quoi, alors à mon avis, tu ferais bien d'en retirer le verset qui vaut mieux que tous les autres.

-Mais lequel c'est? demande Stewart.

-Qu'est-ce que tu dirais de "t'aimeras ton prochain comme toi-même"?"

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